Chaque dimanche, découvrez une image de saison et les coulisses originales du terrain. Aujourd’hui, une histoire de guifettes.

Guifette noire

La pluie doit cesser en deuxième partie d’après-midi et de belles éclaircies sont annoncées. Cela fait office de billet pour profiter pleinement du grand spectacle aérien dans le marais ! Je pars sous les dernières gouttes et marche à grands pas le long du chemin forestier. Un brouhaha s’élève au-delà des roseaux. Les rires moqueurs, les appels stridents et autres cris nasillards deviennent plus intenses à chaque pas. Au bord du lac, les yeux découvrent enfin l’origine de cette ambiance sonore aux senteurs méditerranéennes: des centaines de goélands leucophées, de sternes pierregarins et de mouettes rieuses et mélanocéphales tournoient bruyamment sur l’eau bleu marine. D’innombrables martinets noirs tissent des arabesques invisibles en chassant silencieusement sur la zone humide. Des nuées d’hirondelles rustiques accompagnées de quelques hirondelles de rivage évoluent en bavardant tantôt à fleurs d’eau, tantôt sur fond de ciel. Tels des projecteurs de théâtre, deux rayons percent enfin les cumulus menaçants en appelant sur scène les invités d’honneur. Une vingtaine de guifettes noires et cinq rares guifettes moustacs rejoignent le ballet depuis le large. Quelle élégance leur costume anthracite ou gris plomb ! Quelle maestria quand elles viennent cueillir un insecte sur l’eau! Le soleil part se coucher. Elles s’en vont aussi, disparaissant comme elles étaient venues. J’en ai rêvé ?.

Guifette moustac